09 mai 2020

Florent Balmont : « Fier d’avoir laissé une trace dans le paysage de la Ligue 1 »

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L"annonce de l"arrêt du championnat de France a précipité la retraite de Florent Balmont, 513 matchs parmi l"élite. Pas de quoi atténuer l"immensité de la carrière d"un joueur qui restera à jamais une légende de notre Ligue 1.

Peux-tu nous raconter, au moment de l'annonce du Premier Ministre de la non reprise des championnats, quelle a été ta réaction ?
Il y a eu beaucoup d'émotion, même si on s'attendait à ce qu'il allait dire... Les émotions arrivent vite, mais la famille est vite venue m'entourer. Même si je m'y étais préparé, en dix secondes, on t'annonce que ta carrière se termine. Ce n'est pas simple. Tu te dis " merde ça y est... " Je n'ai pas eu le temps de cogiter, car il y avait ma famille autour de moi, puis rapidement des messages et des appels de mes amis... Donc rapidement, tu repars sur quelque chose de positif.
 

Finalement, te souviens-tu un peu de ces dernières minutes de jeu face à Toulouse (entrée en jeu à la 86e minute) ? La boucle est bouclée contre Toulouse...
Je les ai plus ou moins en tête. Je me suis échauffé assez peu de temps et je rentre sur la fin. Au moment où je rentre, on a le résultat, le coach me fait rentrer avec comme objectif de garder le ballon. J'en ai touché quelques-uns. C'est peut-être un signe de terminer contre Toulouse, là où je me suis révélé vraiment. Ce jour-là, je n'aurais pas cru que ce soit mon dernier match... Je me souviens que Romain Amalfitano m'avait dit, au début du confinement, que c'était peut-être mon dernier match. J'en rigolais...


Qu'est-ce qui prédomine ? La joie d'avoir acquis un nouveau maintien ou la déception d'avoir manqué les 10 derniers matchs avec un groupe qui marchait bien ensemble ?
C'est sûr que c'est dommage de s'arrêter comme ça, de ne plus voir les potes... C'est frustrant. La pression du maintien, nous l'aurions sûrement eu jusqu'à la fin, même si nous étions de mieux en mieux, donc c'est tout de même positif de se savoir maintenus.
 

Cela fait maintenant 4 saisons que tu évolues au DFCO. Comment juges-tu l'évolution du club ?
Quand je suis arrivé au DFCO, le club ne savait pas trop comment se positionner. Quand on monte, il y a toujours une instabilité, on attend de voir. Et là, le club va jouer pour la cinquième saison consécutive en Ligue 1. Ça commence à faire ! Le club évolue, c'est vraiment une bonne chose. Le centre de formation qui va sortir de terre la saison prochaine sera la plus grande évolution. La tribune Caisse d'Épargne BFC, c'est aussi une très bonne chose. Le club a également su être à l'écoute en améliorant les terrains d'entraînement et sur les déplacements du groupe professionnel. Le club a toujours su s'adapter par rapport aux évolutions.
 

Jouer jusqu'à 40 ans demande forcément des sacrifices. Quels sont les secrets pour les jeunes footballeurs qui vont te lire et qui souhaitent faire carrière dans le football ?
Il y en a pas mal, y compris quand tu es jeune. L'hygiène de vie est importante. Il faut savoir trouver le juste milieu. Il faut savoir s'accorder des petits excès, mais après les matchs. Le truc très important, c'est d'avoir un bon socle familial. Cet ensemble fait que j'ai réalisé une si longue carrière.
 

Le mental est un élément moteur te concernant... Comme après cette blessure au tendon d'Achille avec le DFCO, où tu as encore réussi à revenir !
C'est sûr que c'est un plus. Après le match où je me blesse au tendon d'Achille, dans le vestiaire, pour moi c'était fini... Heureusement, ma femme et mes enfants étaient là. Le lendemain, nous étions en famille avec une vingtaine de personnes, tout le monde m'a dit que je ne pouvais pas terminer ma carrière sur ça... Le lendemain, moi-même j'étais convaincu que je ne pouvais arrêter comme ça. On en revient toujours à l'importance de la famille, sur qui on peut s'appuyer. On ne peut pas toujours se gérer seul, il faut des appuis. Les amis, c'est important. La famille, c'est sacré !
 

Qu'est-ce que tu as apprécié le plus dans ta carrière de footballeur ? Le moins ?
Honnêtement, je ne vois pas trop de points négatifs dans ce métier. Ton métier, c'est d'aller à l'entraînement pour taper dans un ballon. Ton plaisir depuis tout gamin... Côté négatif, on peut quand même mettre les mises au vert. A Lille, j'en ai fait énormément, et il pouvait y avoir une saturation car la semaine, on ne voit pas sa famille. C'est parfois long d'attendre dans la chambre d'hôtel avant le match. Sinon, tout le reste, ce n'est que du bonheur. On rencontre des joueurs, il y a cet esprit de groupe, les matchs, les supporters... C'est un métier magnifique !
 

Quels resteront les plus grands souvenirs de ta carrière ?
Le doublé Coupe – Championnat avec le LOSC, ça c'était fort émotionnellement. J'ai des bons souvenirs par rapport aux finales de coupe, sur la façon de les aborder. C'est vraiment un contexte particulier, l'émotion est décuplée par rapport au championnat. A Dijon, la saison dernière a été riche en émotions. Les barrages, quand ils se finissent bien, c'est top ! La soirée du 500e match, avec l'acquisition des barrages sur le fil, c'était aussi un grand moment. J'avais beaucoup apprécié la surprise que le club m'avait préparé.

 

 

Ta plus grande déception ?
La finale de la Coupe de la Ligue perdue avec Nice (défaite contre Nancy). Je ne suis jamais descendu avec mes différents clubs. Cela aurait été une très grosse déception, mais heureusement je ne l'ai pas vécu. Je suis un peu déçu de ne pas avoir pu réaliser un plus long parcours en Ligue des Champions avec Lille. La première année, nous avions les moyens de le faire... Nous devions gagner le dernier match pour aller en huitième de finale, nous avons fait match nul. Mon premier match de Ligue des Champions reste un grand souvenir. Entendre cette fameuse musique, on peut dire ce qu'on veut, ça fait une drôle de sensation !
 

Est-ce une fierté de ne jamais avoir quitté l'élite ? Tu n'aurais pas aimé tenter une expérience à l'étranger ?
Si j'avais eu les opportunités, à un moment donné, cela aurait peut-être pu me faire réfléchir... Mais en France, ma famille était bien donc on ne se voyait pas de partir. Tout ce que j'ai vécu au sein du championnat de France, j'en suis très fier. Ma principale fierté, c'est vraiment de ne jamais avoir connu une relégation ! Je ne suis pas un chat noir !
 

Es-tu étonné de toutes les marques de sympathie adressées à l'annonce de la fin de ta carrière ?
Franchement, je n'aurais pas cru avoir autant de marques de sympathie ! Cela me touche beaucoup, je suis fier d'avoir laissé une belle trace dans le paysage du football français et de la Ligue 1. Vraiment, ça fait plaisir !

 
Désormais, tu souhaites donc transmettre ton expérience en tant qu'entraîneur. As-tu toujours souhaité rester dans le milieu du football après ta carrière de joueur ?
Oui cela fait un moment que j'y pense. C'est ce que je connais depuis des années, c'est selon moi une suite logique par rapport à tout ce que l'on m'a transmis.
 

Quel type d'entraîneur tu t'imagines être ?
C'est certain, il y aura du caractère ! Je ne vais pas tourner autour du pot. Jouer, prendre du plaisir, attaquer et défendre ensemble... Mon équipe devra avoir un état d'esprit où tout le monde se bat ensemble. Quand il y a cet état d'esprit, on peut déjà faire de bonnes choses. Il faut créer une osmose dans le groupe, une cohésion. Dans les nouvelles générations, les joueurs ont besoin que le coach soit encore plus à l'écoute. Ils ont besoin de soutien et d'être rassurés.

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